Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Stellamaris. Poèmes et photographie
  • : Poésie classique et photographie, mis en résonance l'un avec l'autre - Edition
  • Contact

Profil

  • Stellamaris
  • Poète et photographe, explorant tout particulièrement les résonances entre l'image et l'écrit
  • Poète et photographe, explorant tout particulièrement les résonances entre l'image et l'écrit

Nombre de visiteurs

Ce blog a déjà reçu visites

Il y a actuellement     personne(s) sur ce blog


Recherche

Boite à outils

Le SORGEL, superbe traité de prosodie

Le site de FLORMED, pour apprendre les formes fixes

Lexilogos, des dictionnaires indispensabes.

Archives

Forums amis

17 juin 2014 2 17 /06 /juin /2014 22:46

Encore une transposition d'un poème d'Edgar Allan Poe...

La ville en la mer / / Voyez donc où La Mort érigea haut son trône : / Dans une ville étrange et solitaire, atone, / Gisant au plus profond de l’Ouest de toutes peurs ; / Et les bons, les mauvais, les pires, les meilleurs / S’en vont pour l’éternel repos dans cet ailleurs. / Leurs tombeaux, leurs palais, leurs tours, bref leurs demeures / Que dévore le temps mais qui ne tremblent point / Ne ressemblent à rien de ce que voient nos heures. / Les alentours, le vent les oublie avec soin, / Là gisent à jamais sous un ciel toujours vide / Des eaux dont la tristesse est à jamais avide. / / Aucun rayon du paradis onc ne descend / Dans l’éternelle nuit de cet endroit glaçant ; / Une lumière née en l’Océan macabre / Inonde ses tours sans nul bruit, sans nul palabre – / Baigne ses toits distants, libres, impériaux, / Ses dômes, ses clochers et ses palais royaux, / Ses temples et ses murs plus qu’immémoriaux, / Ses tonnelles où l’ombre est antique légende, / Aux sculptures de lierre et de fleurs en guirlande, / Ses nombreux, si nombreux et splendides autels / De frises couronnés, mêlant en leurs listels / La viole et la violette avec la vigne. / Les ombres et les tours se fondent – est-ce un signe ? – / Tant qu’on croirait les voir se balançant dans l’air ; / Et d’une fière tour de la ville dantesque / Le regard de la Mort nous descend, gigantesque. / / Là des temples ouverts et des tombes béantes / Bâillent juste au niveau des ondes flamboyantes / Mais aucun des trésors qui, nombreux, gisent là, / Dans les deux yeux de diamant au vif éclat / De chaque idole – Aucun des morts chargés de gemmes – / Ne tentent tant les flots que, secouant leurs flemmes, / Ils sortent de leur lit – Pas une ride, hélas ! / Sur cette immensité de verre ou de verglas ; / Aucun signe ne dit qu’ailleurs, le vent existe / Soufflant sur une mer lointaine, bien moins triste ; / Nulle ondulation ne dit qu’un vent se traîne / Ailleurs, sur une eau moins hideusement sereine. / / Mais qu’est-ce ? Un souffle agiterait-il l’air ? Voici, / C’est une vague – Un mouvement se lève ici ! / Les tours ont-elles donc fait prendre la tangente, / En sombrant doucement, à la mer oppressante, / Comme si leurs hauts toits diffusaient – fiévreux – / Un vide au dedans du Paradis vaporeux ? / Les vagues désormais plus rouges encor luisent / Et les souffles des temps faiblissent, s’amenuisent, / Et quand, dans des sanglots dont étrange est l’aura / Toujours plus bas cette cité s’établira / L’Enfer, en se levant de son millier de trônes, / La louera tant que tous en resteront aphones. / / Stellamaris / / D’après / / The city in the sea / / Lo! Death has reared himself a throne / In a strange city lying alone / Far down within the dim West, / Where the good and the bad and the worst and the best / Have gone to their eternal rest. / There shrines and palaces and towers / (Time-eaten towers that tremble not!) / Resemble nothing that is ours. / Around, by lifting winds forgot, / Resignedly beneath the sky / The melancholy waters lie. / / No rays from the holy heaven come down / On the long night-time of that town; / But light from out the lurid sea / Streams up the turrets silently — / Gleams up the pinnacles far and free — / Up domes — up spires — up kingly halls — / Up fanes — up Babylon-like walls — / Up shadowy long-forgotten bowers / Of sculptured ivy and stone flowers — / Up many and many a marvelous shrine / Whose wreathéd friezes intertwine / The viol, the violet, and the vine. / So blend the turrets and shadows there / That all seem pendulous in the air, / While from a proud tower in the town / Death looks gigantically down. / / There open fanes and gaping graves / Yawn level with the luminous waves; / But not the riches there that lie / In each idol's diamond eye — / Not the gaily-jeweled dead / Tempt the waters from their bed; / For no ripples curl, alas! / Along that wilderness of glass — / No swellings tell that winds may be / Upon some far-off happier sea — / No heavings hint that winds have been / On seas less hideously serene. / / But lo, a stir is in the air! / The wave — there is a movement there! / As if the towers had thrust aside, / In slightly sinking, the dull tide — / As if their tops had feebly given / A void within the filmy Heaven. / The waves have now a redder glow — / The hours are breathing faint and low — / And when, amid no earthly moans, / Down, down that town shall settle hence, / Hell, rising from a thousand thrones, / Shall do it reverence. / / Edgar Allan Poe

(Illustration : Crépuscule sur l'étang de Huelgoat partiellement pris par la glace)

Partager cet article
Repost0

commentaires

V
<br /> bravo belle transposition, j'admire le travail<br /> <br /> <br /> merci<br /> <br /> <br /> bises<br />
Répondre
S
<br /> <br /> Merci de tout coeur, Vénusia ! Bises !<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> Tu vas bientôt l'avoir, bravo !!<br />
Répondre
S
<br /> <br /> Merci, bises !<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br />    Je suis stupéfaite de voir avec quelle facilité du crées des poèmes aussi consistants (car une traduction<br /> est loin d'être facile !!). Les avais-tu déjà d'avance ? C'est vraiment un travail énorme !<br />
Répondre
S
<br /> <br /> Merci infiniment, Valentine ! Je les traduits au fur et à mesure, et j'ai l'intention d'en faire un recueil bilingue, avec les textes originaux et mes adaptations en vis-à-vis... Bises !<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> C'est quoi, l'écran de l'Huelgoat ? J'ai du mal à comprendre comment cette photo est prise... <br /> <br /> <br /> Et pourquoi ce titre "le cité en la mer" (ou "la ville en la mer") ? Pourquoi pas "la cité sous la mer" ? En anglais ce ne serait pas "in the sea" ? <br />
Répondre
S
<br /> <br /> Oups ! L'écran, c'est une faute de frappe, je voulais dire "l'étang"... Je corrige. J'ai pris en photo la surface de l'écran au crépuscule, un soir d'hiver où il était presque totalement pris par<br /> les glaces. Quand au titre, si tu lis bien le poème, la cité n'est pas sous la mer mais bien au raz des flots, c'est pourquoi Edgar Poe a titré son poème "The city in the sea" et non "beneath the<br /> sea"<br /> <br /> <br /> Bises !<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Bonjour Michel,<br /> <br /> <br /> C'est une superbe transposition, un grand BRAVO !<br /> <br /> <br /> Mes bisous.<br />
Répondre
S
<br /> <br /> Merci infiniment, Annie ! Bises !<br /> <br /> <br /> <br />