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  • : Stellamaris. Poèmes et photographie
  • : Poésie classique et photographie, mis en résonance l'un avec l'autre - Edition
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  • Poète et photographe, explorant tout particulièrement les résonances entre l'image et l'écrit
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1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 22:02

Encore une transposition en vers français d'un poème d'Edgar Allan Poe...

La dormeuse / / C’est en juin, à minuit – cette heure fatidique – / Que je me tiens debout sous la lune mystique. / Une sombre vapeur, opium embrumé / S’exhale de son bord d’or pur amalgamé / Et coule doucement, lentement, goutte à goutte / Tout au sommet d’un mont, sur sa plus haute voûte, / Puis file somnolente en chantant doucement / Jusque dans la vallée universellement. / Le romarin opine au-dessus de la tombe ; / Le lis, lui, se prélasse et la vague surplombe ; / Se drapant de brouillard, le serrant sur son sein, / Chaque ruine, là, se délite à dessein, / Aspirant au repos. Que ce lac est semblable / À Léthé, vois ! Tandis qu’un sommeil formidable / Et conscient semble le prendre, inexorable. / Toute beauté repose ! Et vois ! Repose ici / Irène, avec sa destinée ; ah, la voici ! / / Oh, lumineuse dame ! Est-ce vraiment prudent, / Cette fenêtre ouverte à la nuit, cependant ? / Des courants d’air tombent sans but des hautes branches / Tout en riant dans les treillis, en avalanches – / Des airs désincarnés, débâcles de sorciers, / Volettent dans la chambre, entrant, sortant – voyez ! – / Et les rideaux du baldaquin par eux ondoient / Mais par à coups, craintivement – point ils ne ploient – / Au-dessus du couvercle hermétique et frangé / Sous lequel dort votre âme, à l’abri du danger. / Tant au-dessus du sol qu’au mur de cette tombe / Tel un spectre dansant chaque ombre monte, tombe. / Dame qui m’êtes chère, ignorez-vous la peur ? / Pourquoi, comment rêvez-vous donc ici, mon cœur ? / D’où venez-vous ? De l’au-delà des mers lointaines, / Sujet d’étonnement pour ces ifs et ces chênes ? / Qu’étrange est sa pâleur, et sa tenue, ainsi / Que la longueur de sa coiffure ! Étrange aussi, / Surtout, quel solennel silence règne ici ! / / Comme la dame dort ! Son sommeil soit profond / Car elle endura tant, pire que d’un griffon ! / Et que le Paradis la garde où nul ne se morfond ! / Ce caveau soit changé pour un plus saint, mystique, / Ce lit pour un qui soit bien plus mélancolique ; / J’implore Dieu que son repos soit éternel, que ses / Yeux à jamais restent fermés tandis que ces / Spectres évanescents vont et viennent, glacés. / / Mon amour, elle dort ! Vraiment, que son sommeil / Puisse être aussi profond qu’il dure, sans réveil ! / Soyez doux, vers, rampant sur ce corps sans pareil ! / Profond dans la forêt antique autant qu’obscure, / Pour elle soit ouvert un caveau d’envergure, / Un caveau qui souvent, triomphant, en puissants / Battements d’ailes a, dans des senteurs d’encens, / Clôt ses vantaux sur les linceuls armoriés / D’illustres qui lui sont tous par le sang liés. / / Un sépulcre solitaire, éloigné, délaissé / Et contre les portails duquel elle a lancé / Quand elle était enfant maint gravier insensé – / De ce tombeau dont le portail plus ne résonne ; / Elle ne fera plus qu’aucun écho n’y sonne / En tremblant de penser, pauvre enfant du péché, / Que quelque mort y grogne, à jamais attaché. / / Stellamaris / / D’après / / The sleeper / / At midnight, in the month of June, / I stand beneath the mystic moon. / An opiate vapor, dewy, dim, / Exhales from out her golden rim, / And softly dripping, drop by drop, / Upon the quiet mountain top, / Steals drowsily and musically / Into the universal valley. / The rosemary nods upon the grave; / The lily lolls upon the wave; / Wrapping the fog about its breast, / The ruin moulders into rest; / Looking like Lethe, see! the lake / A conscious slumber seems to take, / And would not, for the world, awake. / All Beauty sleeps!—and lo! where lies / Irene, with her Destinies! / / Oh, lady bright! can it be right— / This window open to the night? / The wanton airs, from the tree-top, / Laughingly through the lattice drop— / The bodiless airs, a wizard rout, / Flit through thy chamber in and out, / And wave the curtain canopy / So fitfully—so fearfully— / Above the closed and fringed lid / ’Neath which thy slumb’ring soul lies hid, / That, o’er the floor and down the wall, / Like ghosts the shadows rise and fall! / Oh, lady dear, hast thou no fear? / Why and what art thou dreaming here? / Sure thou art come o’er far-off seas, / A wonder to these garden trees! / Strange is thy pallor! strange thy dress! / Strange, above all, thy length of tress, / And this all solemn silentness! / / The lady sleeps! Oh, may her sleep, / Which is enduring, so be deep! / Heaven have her in its sacred keep! / This chamber changed for one more holy, / This bed for one more melancholy, / I pray to God that she may lie / Forever with unopened eye, / While the pale sheeted ghosts go by! / / My love, she sleeps! Oh, may her sleep, / As it is lasting, so be deep! / Soft may the worms about her creep! / Far in the forest, dim and old, / For her may some tall vault unfold— / Some vault that oft hath flung its black / And winged pannels fluttering back, / Triumphant, o’er the crested palls / Of her grand family funerals— / / Some sepulchre, remote, alone, / Against whose portals she hath thrown, / In childhood, many an idle stone— / Some tomb from out whose sounding door / She ne’er shall force an echo more, / Thrilling to think, poor child of sin! / It was the dead who groaned within. / / Edgar Allan Poe

(Illustration prise sur Internet, ici)

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