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  • : Stellamaris. Poèmes et photographie
  • : Poésie classique et photographie, mis en résonance l'un avec l'autre - Edition
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  • Poète et photographe, explorant tout particulièrement les résonances entre l'image et l'écrit
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12 août 2011 5 12 /08 /août /2011 18:00

Stellamaris La légende de la ville d'Ys / / Sonnet maître – La légende / / Gradlon le grand de Cornouaille / Aimant sa fille à la folie, / L’Amour excessif, toujours lie ; / Quel sort funeste ! Et l’on crie « Aïe, / / Quel malheur ! » Chaque cœur tressaille : / « Dieux ! Quelle cruelle ordalie ! / Ys, sous les flots, ensevelie ; / Voilà, son peuple est à la baille ! » / / « Châtiment ! », prêche le recteur ; / « Un exemple pour le pécheur ; / Qu’il renie enfin sa malice ! » / / Dahud ricane sous les flots : / « Ahès, est ma libératrice, / La gardienne de ces enclos ! » / / 1 – Le roi Gradlon / / Gradlon le grand, de Cornouaille / Était un sage souverain ; / Tous craignaient sa poigne d’airain / Quand il partait à la bataille ! / / L’ennemi vaincu, crie, et braille / / « Nous sommes perdus ! Suzerain, / Pardonne-nous ! » Mais lui, serein, / Fait ses vassaux de la canaille ! / / Oncques ce roi ne trébucha, / Toujours agile, comme un chat, / Dans les guerres, la politique … / / Sa sagesse fut abolie / Il a chu – Passion épique – / Aimant sa fille à la folie ! / / 2 - Dahud / / Aimant sa fille à la folie, / Il lui fit un présent divin ! / Car « “ Moins ” », disait-il, « serait vain ! / Elle est si belle et si jolie, / / Et si noble ; “ moins ” l’humilie ! » / / Il lui donna donc, pour ses vingt / Ans, cette ville ; l’écrivain / Osant la chanter, la spolie, / / Car même le superlatif / Tressaille, puis devient poncif … / Je n’ose la glossolalie … / / Non, tout mot prend peur et se tait ! / Pour toujours, sa raison partait … / L’amour excessif, toujours, lie ! / / 3 – Les racines du drame / / L’amour excessif, toujours lie, / Gradlon fut pris de cécité … / Dahud régnait sur la cité / En païenne, comme Athalie / / Que fustigeait le grand Elie ; / Et Gwénolé, cet exalté, / En rageait, par l’ire emporté ! / Le calice, jusqu’à la lie / / Entre les deux fut bientôt bu ; / Tôt, la princesse et le barbu / Par le mot se désentripaillent … / / Quelle âpreté dans ce conflit ! / Ainsi, le drame fait son lit, / Quel sort funeste ! Et l’on crie « Aïe ! » / / 4 – Conflit de grands / / Quel sort funeste ! Et l’on crie « Aïe, / Comment cela va-t-il finir ? / Maudire est plus fort que bénir ? » / Non, ce n’est plus de la rouscaille : / / Chacun d’eux, tel de la racaille / / Incapable, sauf de haïr, / Le cœur fermé, n’a qu’un désir : / Que son rival crève ou défaille ! / / Le dénouement sera sanglant ; / En otage, le cœur tremblant, / Le bon peuple, vile piétaille, / / Quand les grands luttent, ombrageux, / N’en comprend guère les enjeux … / Quel malheur ! Chaque cœur tressaille ! / / 5 - Ordalie / / Quel malheur ! Chaque cœur tressaille ! / / L’Évêque et Dahud divaguant, / En naîtra-t-il un ouragan ? / Hélas ! Voici que chaque ouaille / / De leur combat, devient cobaye ! / Et, vraiment, c’est inélégant : / Ahès, Christ, brigande et brigand, / Sont enrôlés ! Chacun ferraille ! / / Et sur la ville, et sur ses ports, / Ils s’affrontent à coup de sorts ; / L’un deux, avec les flots s’allie / / L’autre, avec la terre et les vents … / Chanceux seront les survivants ! / Dieux ! Quelle cruelle ordalie ! / / 6 - Submersion / / Dieux ! Quelle cruelle ordalie ! / / Que gagner à cet examen ? / Ce n’est un dieu contre l’humain, / Qui le délivre ou l’exfolie ; / / Deux astres en périhélie / Trop proches : Leur effet commun, / Annihiler tout lendemain ; / Et l’espérance est abolie ! / / Voici, l’apocalypse est là ; / Portail ouvert vers l’au-delà / Et c’est en vain que l’on supplie ! / / La vague vient de nulle part ; / Vois Gradlon qui pleure, hagard, / Ys, sous les flots, ensevelie ! / / 7 – À la baille ! / / Ys, sous les flots, ensevelie ; / Aucun humain ne la voit plus, / Même par les plus grands reflux, / Mais nul, cependant, ne l’oublie … / / Maint barde ou poète publie / Son souvenir, et quand je l’eus / Lu, je fus de douleur perclus ! / Ces vers : une image pâlie / / Du coup que je pris droit au cœur / Quand j’entendis, pour ma stupeur, / Cette histoire, qui me tenaille / / Et m’obsède toujours la nuit, / Depuis lors, et jusqu’aujourd’hui … / Voilà, son peuple est à la baille ! / / 8 – Récits / / Voilà, son peuple est à la baille ; / Au long des siècles le récit / De ces jours, s’entend par ici ; / Et même si la voix criaille / / D’émotion, vaille que vaille, / Il est bon qu’il en soit ainsi ! / Comme il faudrait être ranci / Pour ricaner, avec gouaille ! / / Ce jour, commença le déclin, / Du pays ; il est orphelin / À jamais de sa capitale … / / Mais, profitant de la terreur, / Qui jongle avec, comme une balle ? / « Châtiment ! », prêche le recteur ! / / 9 – Châtiment / / « Châtiment ! », prêche le recteur ; / « Dahud était une sorcière / Le cœur arrogant, l’âme fière, / Qui défiait, avec aigreur / / Jésus, le Christ, notre sauveur ! / Elle repoussait la lumière, / Crachait sur l’évangéliaire ; / Et de plus, comble de l’horreur, / / Elle tuait, en sacrifice, / Ses amants ; odieux supplice ! / Qui donc ouït telle noirceur ? / / Que celui dont la faute est ample, / Médite son sort, le contemple ! / Un exemple pour le pécheur ! » / / 10 – Prêche / / « Un exemple pour le pécheur, / Que cette immonde tragédie ; / S’il voit comment la perfidie / Est punie, il peut prendre peur / / Et, par un sursaut salvateur / Quitter sa conduite étourdie ; / Il entendra la mélodie / Des archanges, quelle splendeur ! / / Ici-bas, que perdra-t-il ? Rien ! / Il trime comme un galérien, / De maléfice en maléfice ; / / Pour s’extraire de ce taudis / Et pour goûter au paradis, / Qu’il renie enfin sa malice ! » / / 11 – Calice / / « Qu’il renie enfin sa malice, / Et que les pleurs lavent ses yeux / Tandis qu’il renonce aux faux dieux ! / Vite ! Car sinon, la milice / / De l’enfer, prépare un supplice / Comme celui dont les aïeux / Qui vivaient en Ys, orgueilleux / Ont bu le douloureux calice ! » / / Pour qui se prend-il, l’arrogant ? / Je voudrais lui jeter le gant / Pour médire ainsi de ma reine ! / / Ahès ! Que son bec reste clos ! / Mais elle est stérile, sa haine, / Dahud ricane, sous les flots ! / / 12 – Sirènes / / Dahud ricane, sous les flots / Car tous ses gens furent sauvés, / Ainsi qu’elle, vous le savez, / Dans le pays des cachalots ! / / Ils ne craignent plus les complots ; / Tritons, sirènes, préservés / À jamais de tous les Yahvés / Usurpateurs, ces mégalos ! / / Ils chantent toujours la louange / De celle qui, mieux qu’aucun ange / Les garda, les mit à l’abri ; / / La princesse conduit l’office / En clamant, comme il est prescrit : / « Ahès est ma libératrice ! » / / 13 – Office de louange / / « Ahès est ma libératrice / Et chaque jour, je la louerai, / La bénirai, la chanterai ! / Que tout le peuple, de l’abysse / / Sauvé, chante avec moi, qu’il bisse / Et trisse, à jamais sans arrêt / Ce tout nouvel hymne secret / Que m’enseigna ma bienfaitrice ! / / Oui, pour les âges infinis / Nous chanterons ces jours bénis ; / Nous avons vu venir notre heure, / / Bien amers étaient nos sanglots ; / Elle n’a point permis qu’on meure, / La gardienne de ces enclos ! » / / 14 – Sur les tours de la Cathédrale / / La gardienne de ces enclos / Ne bénit pas que la princesse ! / Elle n’eût, par suite, de cesse / – Pour bien se moquer des calots, / / Ces robes noires, teints pâlots, – / De manœuvrer avec adresse / Pour que le Roi – n’est-ce prouesse ? – / Reçoive, du clergé, les los. / / Sur les tours de la Cathédrale / De Quimper, vois sa face pâle / Qui domine, ironiquement, / / L’évêque et toute sa prêtraille ! / Pareille revanche ne ment, / Gradlon le grand, de Cornouaille ! / / Stellamaris

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commentaires

F
<br /> <br /> Cher Stellamaris.<br /> <br /> <br /> Je suis époustoufflé !<br /> <br /> <br /> Ayant peiné moi même<br /> <br /> <br /> sur une misérable couronne de sonnets,<br /> <br /> <br /> je mesure<br /> <br /> <br /> toute l'ampleur<br /> <br /> <br /> de votre maîtrise de la langue,<br /> <br /> <br /> de la prosodie<br /> <br /> <br /> et de la musicalité.<br /> <br /> <br /> J'imprime l'ensemble pour<br /> <br /> <br /> pouvoir le relire encore une fois<br /> <br /> <br /> avec bien plus d'attention,<br /> <br /> <br /> car la couronne de sonnets<br /> <br /> <br /> est une figure<br /> <br /> <br /> qui me passionne<br /> <br /> <br /> encore plus que le sonnet isolé.<br /> <br /> <br /> Je n'ai pas encore essayé<br /> <br /> <br /> de mettre en ligne sur Poesis<br /> <br /> <br /> la couronne que vous connaissez,<br /> <br /> <br /> suivant vos savants conseils,<br /> <br /> <br /> mais je vais tenter de le faire sous peu.<br /> <br /> <br /> Cordialement,<br /> <br /> <br /> Francis Etienne.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Merci infiniment, Francis ! J'ai hâte que tu postes ainsi ta couronne, la lire d'une traite lui donnera certainement encore beaucoup plus d'ampleur que la lecture "au fil de l'eau" que j'en ai<br /> faite ...<br /> <br /> <br /> Toute mon amitié.<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> Ce que je me demande c'est combien de temps tu as passé pour l'écrire... Mon Dieu quel talent Il n'est pas étonnnant que l'on hésite à écrire à ta suite!!!!<br /> <br /> <br /> BRAVO je suis admirative Stell.<br /> <br /> <br /> Je te souhaite une douce soirée.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Merci infiniment, Annie ! J'ai environ travaillé dessus pendant une semaine ... En fait, ce n'est guère plus difficile que d'écrire un sonnet, si le sujet s'y prète, il faut juste plus de temps !<br /> Bises !<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> <br /> Fantastique !! Le premier sonnet donne les premiers vers de tous les autres ! Donc c'est quinze sonnets que tu as faits, en une jonglerie fabuleuse puisque chacun a pour dernier vers le premier<br /> du suivant et qu'ils s'enchaînent pour conter une histoire... Et de plus, en octosyllabes...  N'en jetez plus, quelle virtuosité !<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> <br /> Merci de tout coeur, Valentine ! Bises !<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> <br /> Quatorze sonnets ! Ca c'est une belle couronne !<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Il faut au moins ça pour honorer dignement Dahud ! Rires ...<br /> <br /> <br /> <br />